Dans le cadre du projet européen « Symbiose »[1], Bio en Hauts-de-France et ses partenaires[2] ont réuni 62 de participants (coopératives, fabricants d’aliments du bétail, meuniers, agriculteurs, conseillers techniques, chercheurs…) pour échanger sur les opportunités agronomiques et économiques offertes par la féverole au service de plus d’autonomie protéique en Europe.
La féverole est une culture à la fois historique et innovante en AB. Elle se retrouve très naturellement dans les assolements des fermes bio pour assurer la fertilité en particulier dans les fermes de grandes cultures sans élevage. Même si la maîtrise de l’enherbement est parfois complexe, elle trouve son intérêt en association de cultures avec différentes céréales (blé, épeautre, triticale…). Sur le plan des débouchés, la présence de facteurs antinutritionnels limite la proportion à intégrer dans la ration des animaux. Certaines expérimentations permettent néanmoins de lever une partie de ces freins. Plus récemment, elle a retrouvé un intérêt à travers sa valorisation en alimentation humaine sous réserve d’un choix de variété adaptée. Aussi, malgré des tensions sur le marché et la baisse de prix de certaines productions, le prix de vente de la féverole (payé au producteur) s’est quant à lui amélioré cette année.
Quatre enjeux ont été travaillés avec l’ensemble des participants.
1 – Optimiser la production de féverole avec les associations
Le projet a permis d’établir 8 fiches techniques avec les principales légumineuses et un outil d’aide à la décision permettant de faire des choix d’associations de cultures en fonction des débouchés.
2 – La féverole : quel avenir pour l’alimentation humaine ?
Ces dernières années, plusieurs initiatives ont démontré l’intérêt de ce produit en alimentation humaine (projet FÉV’INNOV, LABienvenue 86). Des opérateurs en région s’y engagent, c’est le cas notamment de la coopérative Agora. Aujourd’hui une variété (Tiffany) est utilisée dans la région pour ce débouché. Les enjeux à travailler consistent à :
* Sélectionner, multiplier des variétés adaptées permettant d’assurer la productivité, en réduisant la variabilité du rendement à travers des variétés d’hiver ayant un faible taux de vicine/convicineTravailler le grain (décorticage / trempage qui permettrait aussi de réduire l’amertume)
* Travailler le grain (décorticage / trempage qui permettrait aussi de réduire l’amertume)
* Travailler le coût de production en y intégrant les coûts liés à la gestion de la bruche (passage au froid / mise sous vide). Avec un prix avoisinant les 600 €/T, cette production devient attractive pour les agriculteurs.
3 – Réduire les facteurs anti-nutritionnels (FAT) pour favoriser l’accès de la féverole en alimentation animale
Différents traitements permettent d’optimiser l’utilisation des féveroles. C’est particulièrement vrai pour les rations des monogastriques à travers :
*) Le décorticage qui permet de diminuer la concentration en FAT et d’augmenter la concentration en protéines
*) La trituration pour améliorer la digestibilité
*) Le toastage, bien réalisé, permet d’augmenter la concentration en protéines digestibles
Un programme de sélections variétales réduisant les FAT serait à construire.
4 – Optimiser la récolte par la gestion du triage à la ferme
Cette optimisation commence par la gestion de la récolte et le réglage de la moissonneuse-batteuse. Les partenaires du projet proposent des formations sur ce sujet. Cela passe ensuite par la maîtrise des schémas de triage : un projet d’Outil d’Aide à la Décision à destination des agriculteurs est en cours et permettra de choisir ses mélanges en fonction des outils de triage accessibles / présents sur la ferme et des débouchés envisagés.